Comment bien gonfler une voile de parapente

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Lorsqu’on réalise un baptême de parapente au dessus du lac d’Annecy ou ailleurs on est toujours émerveillé par le vol en lui même, les pieds dans le vide, perché dans les airs comme par magie. On comprend vite que l’habilité du pilote est cruciale pour rester en l’air le plus longtemps possible, éviter les autres pratiquants, faire des figures de voltige éventuellement et se poser en douceur à l’atterro. Mais avant toute chose et avant même de quitter le plancher des vaches un bon pilote se doit de réaliser le gonflage de l’aile de parapente pour que celle ci monte au dessus de la tête et prenne de la vitesse. Et si cette phase parait facile pour un néophyte elle nécessite cependant une certaine expérience et des techniques de gonflage particulières en fonction des contions météorologiques.

Qu’est-ce que le gonflage d’une aile de parapente ?

Hors construction spécifique type mono surface une aile de parapente est constituée d »une surface de tissu extérieure située face au ciel : l’extrados et d’une surface de tissu située face au sol : l’intrados. Ces deux surfaces de tissu sont cousues entre elles de façon à former des caissons ouverts vers l’avant, le bord d’attaque, qui laissent pénétrer l’air à l’intérieur, et fermer à l’arrière. On comprend alors qu’avec une telle conception il suffit de créer un vent relatif face à l’aile pour que les caissons se gonflent et tendent la voile afin de lui donner sa forme finale. C’est le gonflage d’un parapente.

Retournement Face Voile

Quelle est la vitesse de vent maximum pour gonfler un parapente ?

Pour gonfler un parapente il faut donc qu’il y ait un vent relatif venant de face. Ce vent relatif peut être de nature météorologique ou de nature artificielle.

Le vent météo : le vent ou la brise souffle sur le déco, il suffit d’orienter la voile au sol face au vent pour que l’aile se gonfle sans effort.

Le vent relatif artificiel : si le vent est nul, il devient alors nécessaire de courir dos à la voile pour créer un vent artificiel venant de face qui gonflera la voile de la même façon. C’est tout simplement le principe du cerf volant bien connu des enfants.

Au final une voile de parapente peut globalement se gonfler de 0 km/h de vent à 30 km/h. Au delà de cette vitesse non seulement il sera difficile techniquement et dangereux pour le pilote d’essayer de gonfler son aile mais en plus le parapente décollera en marche arrière. Et oui, la vitesse d’avance d’une voile de parapente dans la masse d’air est de l’ordre de 30 km/h. Tant que le vent est en dessous de cette vitesse, l’aile de parapente vol en avançant par rapport au sol. Si le vent forcit et dépasse cette vitesse, le parapente se met alors à voler en reculant par rapport au sol.

On peut également décoller dans certains cas par vitesse de vent négative, c’est à dire que le vent vient de l’arrière de la zone de décollage. C’est parfois le cas en début de journée ou en fin de journée quand l’air frais redescend soudainement d’altitude : c’est le phénomène de brise catabatique. On est alors obligé de courir encore plus vite pour compenser ce delta de vitesse supplémentaire. Au delà de quelques km/h de vent arrière il n’est plus possible de décoller du tout.

Le gonflage dos voile, l’exercice de base du stage initiation

Le gonflage dos voile représente la première étape fondamentale pour tout apprenti parapentiste. Cette technique de gonflage s’apprend progressivement sur un terrain plat avec une pente douce, sous la supervision d’un moniteur expérimenté. Ce type de gonflage fait partie des exercices classiques de pente école en stage initiation.

L’apprentissage débute par des exercices simples : positionnement correct du corps, prise en main des commandes et temporisation de la voile au-dessus de la tête. Les débutants s’entraînent d’abord avec des vents faibles de 5 à 10 km/h, voire nul, pour mieux ressentir les réactions de leur aile et apprendre à se recentrer correctement sans la laisser passer devant.

Une pratique régulière permet de développer les automatismes essentiels : lecture du terrain, analyse des conditions, positionnement de l’aile et coordination des mouvements. Ces compétences deviendront précieuses lors des futurs décollages en montagne ou sur site officiels.

Gonflage Dos Voile

Le gonflage face voile, face au décollage

Quand le vent sur le déco dépasse les 10 km/h, il est possible de passer sur la technique de gonflage dite de face voile.

Cette méthode de gonflage se caractérise par le faite de se retourner devant sa voile en réalisant un demi tour de twist au niveau des suspentes.

Plutôt que de courir dans la pente, il suffit de mettre un peu de tension sur les élévateurs avant pour que le bord d’attaque prenne le vent et que les caissons se gonflent. Il est important de bien garder les freins dans les mains au cas où il faille affaler l’aile. La force exercée sur les élévateurs avant doit être dosée en fonction de la force du vent et de l’effet escompté. Une action légère permettra de réaliser un pré-gonflage avec une aile qui prend sa forme définitive et retombe au sol prête à voler alors qu’une action plus marquée fera décoller l’aile directement.

La voile prendra alors de la vitesse et devra être stoppée à la verticale du pilote sous peine de passer devant et de faire une fermeture frontale. Il est donc important de réaliser une action de temporisation au bon moment pour bien caler sa voile au bon endroit.

Une fois la voile stabilisée au-dessus de la tête, le pilote entame la phase cruciale du retournement. Les freins restent dans les mains tandis que le corps pivote à 180 degrés face à la pente. Cette rotation s’effectue en douceur pour maintenir l’équilibre de l’aile. Avant de réaliser cette manœuvre sur un décollage réel il est primordial de s’entrainer avec sa voile au sol en pente école pour que le retournement devienne instinctif. Il faut surtout porter une attention particulière au sens de retournement car si le pivotement du pilote du bon côté permet de libérer les élévateurs en supprimant le demi tour de twist il en va à l’inverse si on se trompe de sens avec cette fois ci le risque d’un tour de twist complet en sorti de décollage.

La réussite de cette manœuvre face voile repose sur trois points essentiels :

  • Un timing précis dans la temporisation
  • Une position centrée sous la voile
  • Une anticipation de la course d’envol

Cette étape demande de la coordination et une bonne lecture du terrain pour enchaîner naturellement avec la course d’élan et le décollage.

Gonflage Face Voile

La technique du bord de fenêtre quand la vitesse du vent est importante : le cobra

Le gonflage cobra représente une solution adaptée aux conditions de vent soutenu. Cette méthode consiste à positionner l’aile perpendiculairement au vent, en commençant par élever les stabilos. L’aile se déroule alors progressivement du sol vers le ciel dans la zone la moins alimentée. Une fois complètement gonflée à la verticale il suffit de faire glisser le parapente au dessus de la tête.

L’avantage majeur de ce gonflage cobra réside dans la réduction significative de la traction exercée sur le pilote qui se produit en face voile. La voile monte ici progressivement par les extrémités, permettant un contrôle optimal même avec des rafales dépassant 25 km/h.

Les mouvements précis du pilote jouent un rôle déterminant : une légère traction sur l’élévateur avant du côté au vent initie le gonflage, tandis que l’autre main reste prête à temporiser. Cette approche garantit une montée maîtrisée de l’aile, réduisant considérablement les risques d’arrachement.

Gonflage Cobra

Où s’entrainer pour faire du gonflage ?

Pour travailler ses exercices de gonflage vous pouvez utiliser une pente école de votre secteur ou un atterrissage disposant d’une zone dédiée aux jeux de gonflage. Vous pouvez également utiliser d’autres atteros quand les conditions météos mal axées empêchent tout pilote de décoller dans le secteur.

Nos conseils :

La phase de gonflage est un moment capital avant de s’élancer dans les airs. Il est important de s’entrainer régulièrement en milieu sécurisé pour être serein lors d’un vrai déco quelles que soient les conditions de vent. Dos voile, face voile voire cobra, vous devriez être capable de gérer le gonflage de votre voile sans vous faire arracher, avec une voile stabilisée au dessus de la tête.

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